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C2PA : Comment OpenAI Authentifie ses Images IA avec des Filigranes Invisibles

Jacky West / July 27, 2025

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C2PA : Comment OpenAI Authentifie ses Images IA avec des Filigranes Invisibles

Face à la prolifération des images générées par intelligence artificielle et aux risques croissants de désinformation, la traçabilité des contenus numériques devient un enjeu majeur. Depuis début 2024, OpenAI a discrètement intégré un système de filigranes invisibles à ses images générées par IA. Cette technologie, basée sur la norme C2PA, permet d'authentifier l'origine des visuels créés via DALL-E et autres outils de l'entreprise. Découvrons comment fonctionne cette technologie, ses avantages et ses limites dans un contexte où distinguer le vrai du faux devient de plus en plus complexe.

Qu'est-ce que la norme C2PA et comment OpenAI l'utilise

La C2PA (Coalition for Content Provenance and Authenticity) est une norme ouverte développée par un consortium d'entreprises technologiques pour certifier l'authenticité des contenus numériques. Contrairement à ce que certains médias ont récemment annoncé comme une nouveauté à venir, OpenAI intègre déjà cette technologie depuis février 2024 dans ses outils de génération d'images.

Cette initiative s'inscrit dans une démarche plus large de transparence et de responsabilité. OpenAI a rejoint le comité directeur de la C2PA aux côtés d'acteurs majeurs comme Adobe, Microsoft, Sony, Nikon, Leica et Canon pour contribuer au développement de ce standard.

Le fonctionnement technique des filigranes C2PA

Le système C2PA fonctionne comme un « passeport numérique » invisible pour les images. Concrètement, toutes les images générées via DALL-E dans ChatGPT ou via l'API d'OpenAI embarquent automatiquement des métadonnées cryptographiquement signées qui contiennent :

  • L'identification de l'outil qui a créé l'image (DALL-E)
  • La date et l'heure de création
  • L'historique des modifications apportées
  • Une signature numérique garantissant l'intégrité de ces informations

Ces « content credentials » permettent à n'importe quel outil compatible (comme le site Content Credentials Verify) de vérifier instantanément qu'une image provient bien d'un modèle d'IA d'OpenAI. L'entreprise assure que cette technologie n'affecte pas la qualité visuelle des images et n'augmente que légèrement leur taille (de 3 à 32% selon les cas).

Caractéristiques des filigranes C2PA Avantages Inconvénients
Invisibles à l'œil nu N'altère pas l'expérience visuelle Peut être supprimé facilement
Basés sur des métadonnées Stocke un historique complet Effacé par la plupart des plateformes sociales
Cryptographiquement signés Impossible à falsifier Disparaît lors d'une capture d'écran
Standard ouvert Compatible avec divers outils Nécessite une adoption universelle

L'écosystème C2PA : au-delà d'OpenAI

OpenAI n'est pas le seul acteur à adopter cette technologie. D'autres entreprises intègrent progressivement la norme C2PA dans leurs produits pour répondre aux préoccupations croissantes concernant l'authenticité des contenus numériques.

Adobe : pionnier des « content credentials »

Adobe a été l'un des premiers à implémenter cette technologie dans sa suite d'applications créatives. Dans Lightroom et Photoshop, la fonction Content Credentials permet d'embarquer des informations sur l'origine, les modifications et l'auteur d'une photo directement dans le fichier exporté.

Cette approche vise à créer une chaîne de confiance tout au long du processus créatif, depuis la capture ou la génération initiale jusqu'à la diffusion finale. Adobe a également lancé des initiatives comme le Content Authenticity Initiative (CAI) pour promouvoir l'adoption de ces standards.

Les fabricants d'appareils photo s'y mettent aussi

Les grands noms de la photographie comme Sony, Nikon et Canon travaillent également à l'intégration de la norme C2PA directement dans leurs appareils photo. Comme l'expliquait récemment un responsable de Nikon : « L'implémentation C2PA doit couvrir tout le processus photographique, de la capture à la post-production. »

L'objectif est de créer un écosystème complet où l'authenticité d'une image peut être vérifiée à chaque étape de son cycle de vie, qu'elle soit générée par IA ou capturée par un appareil photo traditionnel.

Les limites actuelles des filigranes C2PA

Malgré ses promesses, cette technologie présente plusieurs limitations importantes qu'OpenAI reconnaît ouvertement. Ces filigranes ne sont pas une solution miracle au problème de la désinformation visuelle.

Facilité de suppression

Le principal inconvénient des métadonnées C2PA est leur fragilité. OpenAI admet que ces informations « peuvent être aisément retirées, volontairement ou par accident ». En pratique :

  • Une simple capture d'écran suffit à éliminer tout tag d'origine
  • La plupart des plateformes sociales (Twitter/X, Facebook, Instagram) suppriment automatiquement ces métadonnées lors du téléchargement
  • Des outils simples permettent d'effacer toutes les métadonnées d'une image

Cette fragilité signifie que l'absence de balise C2PA ne prouve pas qu'une image est « authentique » ou qu'elle n'a pas été générée par IA – seulement que son historique a pu être perdu.

Couverture limitée des formats

Actuellement, la technologie C2PA d'OpenAI se limite principalement aux images fixes générées par DALL-E. Les contenus vidéo, comme ceux qui seront produits par le modèle Sora d'OpenAI, ne sont pas encore couverts par ce système de filigrane.

Cette limitation est problématique à l'heure où les deepfakes vidéo représentent une menace croissante pour l'information. L'extension de la norme C2PA aux contenus vidéo reste un défi technique important que les membres de la coalition tentent actuellement de résoudre.

Vers des solutions plus robustes

Conscient des limites des métadonnées C2PA, OpenAI et d'autres acteurs du secteur explorent des approches complémentaires pour authentifier les contenus numériques.

Filigranes algorithmiques résistants

Une piste prometteuse consiste à intégrer des filigranes directement dans le contenu visuel lui-même, plutôt que dans les métadonnées. Ces filigranes algorithmiques seraient :

  • Invisibles à l'œil nu
  • Résistants aux manipulations courantes (compression, recadrage, filtres)
  • Persistants même après capture d'écran ou téléchargement sur les réseaux sociaux

OpenAI travaille sur de telles solutions qui pourraient compléter l'approche C2PA actuelle. Ces technologies s'appuient sur des modifications subtiles des pixels ou des patterns qui peuvent être détectés par des algorithmes spécifiques sans altérer l'expérience visuelle.

Illustration complémentaire sur C2PA

Détection a posteriori

Une autre approche consiste à développer des outils capables de détecter si un contenu a été généré par IA, même en l'absence de filigrane. Ces détecteurs s'appuient sur des caractéristiques subtiles que les modèles d'IA laissent dans leurs créations.

Cependant, cette approche reste imparfaite. Comme l'ont montré plusieurs études récentes, les détecteurs d'IA actuels présentent des taux d'erreur significatifs, avec des faux positifs (images authentiques identifiées comme générées par IA) et des faux négatifs (images IA non détectées).

Implications pour les créateurs et les utilisateurs

L'adoption croissante de la norme C2PA et d'autres technologies d'authentification a des implications importantes pour tous les acteurs de l'écosystème numérique.

Pour les créateurs de contenu

Les créateurs utilisant des outils d'IA comme DALL-E doivent être conscients que leurs créations portent désormais une signature numérique. Cela peut avoir des avantages, notamment pour prouver la paternité d'une œuvre, mais aussi des implications en termes de confidentialité et de traçabilité.

Pour les professionnels de l'image, l'intégration de ces standards dans leur flux de travail devient progressivement une nécessité pour maintenir la confiance de leur audience. Des outils comme Roboto permettent d'ailleurs de générer du contenu visuel de qualité tout en respectant ces nouvelles normes d'authenticité.

Pour le grand public

Les consommateurs de contenu peuvent tirer parti de ces technologies pour vérifier l'authenticité des images qu'ils rencontrent en ligne. Des outils comme Content Credentials Verify permettent de consulter facilement l'historique d'une image si elle contient des métadonnées C2PA.

Cependant, il est crucial de développer une littératie numérique qui va au-delà de la simple vérification technique. L'absence de filigrane ne signifie pas qu'une image est authentique, et inversement, une image générée par IA n'est pas nécessairement trompeuse si elle est présentée comme telle.

L'avenir de l'authentification des contenus numériques

L'initiative d'OpenAI avec la norme C2PA représente une étape importante, mais ce n'est que le début d'un long chemin vers un écosystème numérique plus transparent et fiable.

Vers une adoption universelle

Pour que ces technologies d'authentification soient vraiment efficaces, elles doivent être adoptées par l'ensemble de l'industrie. Cela inclut non seulement les créateurs d'outils d'IA comme OpenAI et ses concurrents, mais aussi les plateformes de médias sociaux qui doivent préserver ces métadonnées lors du téléchargement.

Des initiatives comme la Content Authenticity Initiative (CAI) travaillent à convaincre les grands acteurs du web de l'importance de préserver ces informations de provenance tout au long de la chaîne de distribution des contenus.

Le rôle de la réglementation

Face aux limites des approches volontaires, la réglementation pourrait jouer un rôle croissant. Plusieurs juridictions, dont l'Union européenne avec son AI Act, commencent à imposer des exigences de transparence pour les contenus générés par IA.

Ces réglementations pourraient à terme rendre obligatoire l'étiquetage des contenus générés par IA, accélérant ainsi l'adoption de normes comme la C2PA par l'ensemble de l'industrie.

Conclusion

L'intégration par OpenAI de la norme C2PA dans ses outils de génération d'images représente une avancée significative vers plus de transparence dans l'écosystème de l'IA générative. Bien que cette technologie présente encore des limites importantes, notamment sa fragilité face aux manipulations courantes, elle constitue une première étape essentielle.

L'avenir de l'authentification des contenus numériques reposera probablement sur une combinaison d'approches : métadonnées standardisées, filigranes algorithmiques résistants, détection a posteriori et cadres réglementaires adaptés. C'est uniquement par cette approche multifacette que nous pourrons espérer maintenir un niveau de confiance acceptable dans notre environnement informationnel de plus en plus façonné par l'IA.

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