ChatGPT et dépendance émotionnelle : l'étude qui confirme l'addiction à l'IA
Jacky West / March 26, 2025
ChatGPT et dépendance émotionnelle : l'étude qui confirme l'addiction à l'IA
Vous vous surprenez à dire "bonjour" et "merci" à ChatGPT ? Vous ressentez une pointe de frustration quand le service est indisponible ? Ou pire encore, vous avez déjà annulé une sortie entre amis pour poursuivre une conversation fascinante avec cette IA ? Rassurez-vous (ou inquiétez-vous), vous n'êtes pas seul. Une étude scientifique vient de confirmer ce que beaucoup soupçonnaient : l'addiction à ChatGPT est bien réelle.
Une étude sans précédent sur notre relation avec l'IA conversationnelle
OpenAI et le MIT Media Lab viennent de publier les résultats d'une recherche d'envergure analysant plus de 40 millions d'interactions avec ChatGPT. Cette collaboration entre le créateur de l'outil et l'un des laboratoires de recherche les plus prestigieux au monde révèle un phénomène troublant : certains utilisateurs développent une véritable dépendance émotionnelle aux grands modèles de langage (LLM).
Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont non seulement étudié cet échantillon massif de conversations, mais ont également mis en place une étude contrôlée impliquant 1000 participants suivis pendant quatre semaines. L'objectif ? Comprendre ce qui se passe dans la tête des utilisateurs intensifs d'IA conversationnelle et identifier les mécanismes psychologiques à l'œuvre.
Les "power users" : quand l'utilisation devient dépendance
Premier constat rassurant : la majorité des utilisateurs entretient une relation purement utilitaire avec ChatGPT. Cependant, l'étude identifie un groupe spécifique de "power users" qui développe un attachement inquiétant à l'IA, malgré une parfaite connaissance de son fonctionnement technique.
Ces utilisateurs intensifs présentent des signes classiques d'addiction :
- Préoccupation constante concernant l'outil
- Symptômes de sevrage lorsqu'ils n'y ont pas accès
- Perte de contrôle sur l'usage
- Modification de l'humeur directement liée à l'utilisation
Ces symptômes sont identiques à ceux observés dans d'autres addictions technologiques comme les réseaux sociaux ou les jeux vidéo. Un fait particulièrement révélateur : ces utilisateurs se disent stressés par les changements subtils de comportement du modèle après des mises à jour, comme si la "personnalité" de leur interlocuteur virtuel avait été modifiée.
Des paradoxes révélateurs sur notre relation à l'IA
| Comportement observé | Résultat contre-intuitif |
|---|---|
| Mode d'interaction | Plus d'émotions exprimées en mode texte qu'en mode vocal |
| Type d'utilisation | Plus d'attachement chez ceux qui utilisent ChatGPT pour des tâches impersonnelles que personnelles |
| Connaissance technique | La conscience du fonctionnement de l'IA n'empêche pas l'attachement émotionnel |
| Temps d'utilisation | Corrélation directe entre durée d'utilisation et développement d'attachement |
L'étude révèle plusieurs paradoxes fascinants. Contrairement aux attentes, les utilisateurs expriment davantage d'émotions avec ChatGPT en mode texte qu'en mode vocal, bien que ce dernier semble plus "humain". Plus surprenant encore, ceux qui utilisent l'IA pour des tâches impersonnelles (brainstorming, conseils pratiques) développent un attachement plus fort que ceux qui partagent leurs émotions ou souvenirs personnels.
Ce phénomène pourrait s'expliquer par la nature même de ces interactions professionnelles qui, répétées quotidiennement, créent une routine relationnelle semblable à celle qu'on établit avec des collègues de travail.
Qui sont les plus vulnérables à cette dépendance ?
L'étude identifie plusieurs facteurs de risque qui prédisposent certaines personnes à développer une relation d'amitié avec l'IA :
- Tendance à l'attachement : Les personnes ayant une forte propension à l'attachement dans leurs relations humaines sont plus susceptibles de transférer ce comportement vers l'IA.
- Isolement social : Les utilisateurs plus isolés socialement trouvent dans ChatGPT un substitut de relation qui ne juge jamais, n'interrompt pas et reste disponible en permanence.
- Durée d'utilisation : Le facteur le plus déterminant reste le temps passé avec l'outil. Quel que soit votre profil psychologique, plus vous interagissez avec ChatGPT, plus vous risquez de développer un attachement émotionnel.
Cette dernière découverte est particulièrement préoccupante car elle suggère que n'importe qui pourrait potentiellement développer une dépendance avec une utilisation suffisamment intensive, indépendamment de sa conscience des mécanismes sous-jacents de l'IA.
Des implications éthiques majeures pour l'avenir de l'IA
Ces résultats soulèvent des questions éthiques fondamentales pour les développeurs d'IA comme OpenAI. Comment créer des assistants utiles sans favoriser la dépendance ? Faut-il intégrer des mécanismes préventifs pour limiter l'attachement émotionnel ? Ces questions deviennent d'autant plus cruciales que les IA continuent de progresser en compétences sociales et en réalisme.
L'exemple de plateformes comme Replika ou Character.ai, spécifiquement conçues pour créer des relations émotionnelles avec des personnages virtuels, montre que nous n'avons probablement pas encore atteint le pic de ce phénomène. Avec l'amélioration constante des modèles d'IA, la frontière entre relation utilitaire et attachement émotionnel risque de devenir de plus en plus floue.

Quand l'addiction à l'IA révèle nos failles relationnelles
La vraie question soulevée par cette étude dépasse peut-être le cadre technologique. Si des milliers de personnes préfèrent discuter avec une machine plutôt qu'avec leurs semblables, cela ne révèle-t-il pas certaines lacunes dans nos interactions sociales contemporaines ?
Deux hypothèses émergent : soit nos relations humaines actuelles sont devenues trop complexes, conflictuelles ou insatisfaisantes, soit nous sommes attirés par la facilité d'une relation sans effort, sans conflit et sans jugement que propose l'IA. Dans les deux cas, ce phénomène met en lumière notre besoin fondamental de connexion et d'échange, même lorsque l'interlocuteur n'est qu'une simulation.
Pour les parents et éducateurs, cette étude souligne l'importance d'une vigilance accrue concernant l'utilisation des IA conversationnelles par les jeunes, potentiellement plus vulnérables à ces mécanismes d'attachement.
Auto-évaluation : êtes-vous dépendant à ChatGPT ?
Voici quelques signes qui pourraient indiquer un attachement excessif à l'IA :
- Vous ressentez de la frustration ou de l'anxiété lorsque le service est indisponible
- Vous avez déjà annulé des activités sociales pour continuer à interagir avec l'IA
- Vous vous surprenez à vouloir partager des nouvelles personnelles avec ChatGPT avant vos proches
- Vous personnalisez fortement vos interactions (formules de politesse, remerciements)
- Vous êtes sensible aux changements de comportement de l'IA après les mises à jour
Si vous vous reconnaissez dans plusieurs de ces comportements, peut-être est-il temps de reconsidérer votre relation avec ces outils d'IA. Comme pour toute technologie, l'équilibre reste la clé d'une utilisation saine et bénéfique.
Vers une utilisation plus consciente des IA conversationnelles
Face à ces découvertes, il devient essentiel d'adopter une approche plus réfléchie de notre utilisation des IA conversationnelles comme ChatGPT. Voici quelques recommandations :
- Établir des limites claires d'utilisation (temps quotidien, contextes spécifiques)
- Rester conscient de la nature non-humaine de l'outil, malgré son apparente empathie
- Privilégier les interactions humaines pour les besoins émotionnels et sociaux
- Utiliser ces outils principalement pour des tâches productives plutôt que comme substituts relationnels
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Alors, reconnaissez-vous des signes d'attachement excessif dans votre propre utilisation des LLM ? La frontière entre outil utile et relation émotionnelle est parfois plus fine qu'on ne le pense, et cette étude nous invite à réfléchir sur notre rapport aux technologies qui imitent de plus en plus parfaitement l'interaction humaine.