DeepSeek interdit : quels pays bloquent l'IA chinoise et pourquoi en 2025
Jacky West / March 6, 2025

DeepSeek interdit : quels pays bloquent l'IA chinoise et pourquoi en 2025
L'intelligence artificielle chinoise DeepSeek fait face à une vague d'interdictions internationales en ce début 2025. Ce modèle d'IA open source, considéré comme l'un des concurrents les plus sérieux des solutions occidentales comme ChatGPT, se retrouve au cœur d'une bataille géopolitique qui révèle les tensions croissantes autour de la souveraineté numérique. Quels sont les pays qui ont décidé de bloquer cette technologie et pour quelles raisons ? Décryptage d'un phénomène qui illustre parfaitement la nouvelle guerre froide technologique.
Pourquoi DeepSeek inquiète les gouvernements occidentaux
DeepSeek, développé par une équipe d'anciens chercheurs de Google et ByteDance, s'est rapidement imposé comme l'un des modèles d'IA les plus performants au monde. Sa particularité réside dans son architecture open source et ses capacités qui rivalisent avec les solutions propriétaires américaines. Plusieurs facteurs expliquent les inquiétudes grandissantes :
- L'origine chinoise du développement, soulevant des questions de sécurité nationale
- Les capacités avancées de traitement et d'analyse de données sensibles
- Le modèle économique open source qui facilite l'adoption massive
- Les liens potentiels avec l'écosystème technologique chinois
- L'absence de transparence sur la gouvernance des données
Comme l'explique une récente analyse des tensions géopolitiques autour de DeepSeek, cette technologie est devenue un symbole de la montée en puissance chinoise dans le domaine stratégique de l'IA.
Cartographie des pays ayant interdit DeepSeek en 2025
La liste des nations ayant officiellement restreint ou interdit l'utilisation de DeepSeek ne cesse de s'allonger depuis le début de l'année. Voici un état des lieux actualisé :
Pays | Type de restriction | Date d'entrée en vigueur | Justification officielle |
---|---|---|---|
États-Unis | Interdiction dans les agences fédérales | Janvier 2025 | Sécurité nationale et protection des données |
Australie | Interdiction totale | Février 2025 | Risques pour la cybersécurité |
Royaume-Uni | Restrictions sectorielles (défense, santé) | Février 2025 | Protection des infrastructures critiques |
Canada | Moratoire temporaire | Mars 2025 | Évaluation des risques en cours |
Inde | Blocage partiel | Janvier 2025 | Souveraineté numérique |
Japon | Restrictions dans le secteur public | Mars 2025 | Conformité aux normes de sécurité |
Taiwan | Interdiction totale | Décembre 2024 | Menace directe à la sécurité nationale |
Cette tendance s'inscrit dans un mouvement plus large de méfiance envers les technologies chinoises, comme l'a démontré précédemment l'alliance stratégique russo-chinoise en matière d'IA qui avait déjà suscité de vives inquiétudes en Occident.
Les arguments sécuritaires au cœur des interdictions
Les gouvernements justifient principalement leurs décisions par des préoccupations liées à la sécurité nationale. Trois arguments majeurs sont régulièrement avancés :
1. Le risque d'espionnage et de fuite de données
La crainte principale concerne la possibilité que DeepSeek puisse servir de vecteur pour collecter des informations sensibles. Malgré les démentis de l'entreprise, les autorités américaines ont notamment pointé du doigt la loi chinoise de 2017 sur le renseignement national, qui oblige théoriquement toute entreprise chinoise à coopérer avec les services de renseignement du pays.
Un rapport confidentiel du Pentagone, partiellement divulgué en février 2025, suggère que certaines fonctionnalités de DeepSeek pourraient faciliter l'extraction de données stratégiques, notamment dans les secteurs de la défense et de la recherche avancée.
2. Les risques de manipulation de l'information
Le deuxième argument concerne la possibilité d'utiliser cette IA pour diffuser de la désinformation ou influencer l'opinion publique. Comme l'explique une récente enquête sur les pratiques d'acquisition de données, les préoccupations portent sur la manière dont les modèles sont entraînés et leurs potentiels biais.
En particulier, les agences de renseignement occidentales s'inquiètent de la capacité de ces systèmes à générer du contenu parfaitement adapté aux contextes culturels locaux, rendant la désinformation plus difficile à détecter.
3. La dépendance technologique et économique
Le troisième argument relève de considérations économiques et stratégiques. L'adoption massive d'une technologie chinoise dans des secteurs clés pourrait créer une dépendance problématique à long terme, comme l'illustre l'analyse du séisme géopolitique provoqué par la montée en puissance de la Chine dans le domaine de l'IA.
Cette préoccupation est particulièrement vive en Europe, où la quête de souveraineté numérique est devenue un enjeu majeur, comme en témoignent les discussions lors du récent Sommet de l'Action sur l'IA à Paris.
La position européenne : entre prudence et fragmentation
L'Union européenne présente une approche plus nuancée que les interdictions frontales observées ailleurs. Si aucune interdiction à l'échelle communautaire n'a été prononcée, plusieurs initiatives nationales dessinent un paysage contrasté :
Des réglementations nationales disparates
La France, par exemple, n'a pas formellement interdit DeepSeek mais a émis en février 2025 une recommandation forte déconseillant son utilisation dans les administrations publiques et les secteurs stratégiques. Cette position s'inscrit dans la continuité des débats sur la régulation de l'IA qui ont animé le Sommet IA en France de l'automne dernier.
L'Allemagne a opté pour une approche basée sur la certification, exigeant que tout modèle d'IA utilisé dans les infrastructures critiques obtienne une validation de l'Office fédéral de la sécurité informatique (BSI). DeepSeek n'a pas encore obtenu cette certification, ce qui équivaut à une interdiction de facto dans plusieurs secteurs.
L'AI Act européen comme cadre de référence
L'entrée en application progressive de l'AI Act européen depuis fin 2024 fournit un cadre réglementaire qui, sans cibler spécifiquement DeepSeek, impose des contraintes significatives aux modèles d'IA à haut risque. Les exigences de transparence, d'explicabilité et de gouvernance des données représentent des défis majeurs pour l'adoption de cette technologie en Europe.
Cette approche réglementaire, plutôt qu'une interdiction pure et simple, reflète la volonté européenne de créer un écosystème d'IA de confiance, tout en promouvant des alternatives locales comme Le Chat, l'IA française qui s'impose progressivement comme une alternative crédible aux solutions américaines et chinoises.
La réponse de DeepSeek et de la Chine face aux interdictions
Face à cette vague d'interdictions, DeepSeek et les autorités chinoises ont déployé une stratégie de communication offensive visant à rassurer les utilisateurs internationaux et à contester les arguments sécuritaires.
Les garanties techniques et juridiques proposées
L'entreprise a annoncé en janvier 2025 plusieurs mesures destinées à répondre aux préoccupations occidentales :
- Création d'une entité juridique indépendante basée à Singapour pour héberger les données des utilisateurs non-chinois
- Mise en place d'un comité d'éthique international supervisant les pratiques de gouvernance des données
- Publication du code source complet pour permettre des audits indépendants
- Certification par des organismes tiers de cybersécurité
Ces initiatives s'inscrivent dans une stratégie plus large de la tech chinoise pour gagner en crédibilité internationale, dans un contexte où la qualité des données d'entraînement est devenue un enjeu crucial de confiance.

La position officielle de Pékin
Le gouvernement chinois a dénoncé ces interdictions comme des mesures protectionnistes déguisées en préoccupations de sécurité. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a déclaré en mars 2025 que "ces restrictions injustifiées enfreignent les principes du libre-échange et visent uniquement à freiner l'innovation technologique chinoise".
Cette rhétorique s'accompagne d'une menace à peine voilée de mesures de rétorsion contre les entreprises technologiques occidentales opérant en Chine, rappelant les tensions similaires observées lors de précédentes controverses sur les technologies d'IA avancées.
Les alternatives à DeepSeek pour les professionnels
Pour les entreprises et organisations contraintes d'abandonner DeepSeek, plusieurs alternatives s'offrent en fonction des besoins spécifiques :
Solutions occidentales propriétaires
Les grands modèles américains comme ChatGPT d'OpenAI ou Claude d'Anthropic restent les options privilégiées dans les environnements professionnels occidentaux. La récente montée en puissance de Perplexity.ai offre également une alternative intéressante, particulièrement pour les cas d'usage liés à la recherche d'information.
Pour les besoins spécifiques de création de contenu, des outils comme Plume AI se sont imposés comme des références, notamment dans les secteurs du marketing et de la communication.
Alternatives open source et souveraines
Pour les organisations sensibles aux questions de souveraineté numérique, plusieurs modèles open source développés en Europe ou aux États-Unis offrent des garanties de transparence similaires à DeepSeek, sans les préoccupations géopolitiques associées.
En France, l'encadrement de l'utilisation des IA génératives en entreprise a favorisé l'émergence de solutions nationales ou européennes, avec un accent particulier sur la conformité au RGPD et la souveraineté des données.
Perspectives d'avenir pour DeepSeek et l'IA chinoise
Si les interdictions actuelles représentent un obstacle significatif à l'expansion internationale de DeepSeek, plusieurs facteurs pourraient influencer l'évolution de la situation à moyen terme :
L'évolution des relations sino-occidentales
L'avenir de DeepSeek sur la scène internationale dépendra en grande partie de l'évolution du climat géopolitique. Une détente dans les relations entre la Chine et l'Occident pourrait conduire à un assouplissement des restrictions, tandis qu'une escalade des tensions renforcerait probablement les barrières actuelles.
Cette dynamique s'inscrit dans un contexte plus large où la course aux supercalculateurs et aux infrastructures d'IA devient un enjeu de puissance nationale.
L'adaptation du modèle économique et technique
Face aux obstacles réglementaires, DeepSeek pourrait être contraint de faire évoluer son modèle économique et sa gouvernance pour répondre aux exigences occidentales. L'établissement de partenariats avec des entités locales de confiance dans chaque région pourrait constituer une stratégie viable, comme l'ont fait d'autres acteurs technologiques chinois par le passé.
Cette adaptation nécessiterait une transparence accrue sur les pratiques de collecte et d'utilisation des données, un domaine où les standards évoluent rapidement sous la pression réglementaire et concurrentielle.
L'impact sur l'innovation en IA
Au-delà du cas spécifique de DeepSeek, ces tensions illustrent un risque de fragmentation du paysage mondial de l'IA, avec l'émergence de sphères technologiques distinctes opérant selon des normes différentes. Cette situation pourrait ralentir la diffusion des innovations et limiter les bénéfices potentiels de la collaboration internationale en recherche.
Pour les utilisateurs et développeurs, cette fragmentation implique de s'adapter à un environnement où les métriques traditionnelles d'évaluation des technologies deviennent de plus en plus complexes à appliquer dans un contexte géopolitique tendu.
Conclusion : au-delà des interdictions, un nouvel ordre technologique mondial
Les interdictions visant DeepSeek illustrent parfaitement la dimension géopolitique qu'a prise l'intelligence artificielle en 2025. Bien plus qu'une simple question technique ou commerciale, le déploiement des modèles d'IA avancés est devenu un enjeu de souveraineté nationale et d'influence stratégique.
Pour les organisations et les professionnels, naviguer dans ce paysage fragmenté nécessite une compréhension fine des implications réglementaires et géopolitiques de leurs choix technologiques. La question n'est plus seulement de savoir quelle solution est la plus performante, mais également laquelle offre les meilleures garanties en termes de conformité, de sécurité et de pérennité dans un contexte international incertain.
Face à ces défis, des plateformes comme Roboto offrent une alternative intéressante en permettant de générer du contenu de haute qualité tout en garantissant la conformité aux normes européennes de protection des données. Si vous cherchez à naviguer dans ce nouvel écosystème d'IA fragmenté, créez votre compte gratuit pour découvrir comment maintenir votre productivité sans compromettre vos exigences de sécurité.