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Guerre des crawlers : Comment Perplexity contourne les blocages des sites web en 2025

Jacky West / August 10, 2025

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Guerre des crawlers : Comment Perplexity contourne les blocages des sites web en 2025

La bataille pour l'accès aux données du web s'intensifie en 2025. Au cœur de cette guerre se trouve Perplexity, l'assistant IA conversationnel qui fait parler de lui pour ses méthodes controversées d'accès aux contenus en ligne. Cloudflare, géant des services CDN, a récemment accusé la startup d'IA de contourner délibérément les restrictions mises en place par les sites web. Cette polémique soulève des questions fondamentales sur l'éthique du web scraping, les droits des éditeurs et l'avenir de l'accès à l'information à l'ère de l'IA. Plongeons dans les détails de cette controverse qui secoue l'industrie technologique.

Les accusations de Cloudflare contre Perplexity : un crawling déguisé

Cloudflare, l'un des principaux fournisseurs mondiaux de réseau de diffusion de contenu (CDN), a lancé des accusations graves contre Perplexity. Selon le géant de l'infrastructure web, la startup d'IA emploierait des méthodes déloyales pour accéder aux contenus des sites qui ont explicitement bloqué ses robots d'indexation.

D'après l'enquête menée par Cloudflare, Perplexity utiliserait une technique particulièrement sophistiquée : lorsque ses crawlers rencontrent un fichier robots.txt interdisant l'accès, ils se déguiseraient en navigateur Chrome ordinaire sur Mac pour contourner ces restrictions. Cette pratique permettrait à Perplexity d'accéder à des contenus théoriquement protégés contre le scraping automatisé.

Cette controverse n'est pas nouvelle. L'année dernière, des médias comme WIRED et Forbes avaient déjà accusé Perplexity de pratiques similaires sur leurs sites. L'ampleur du phénomène semble toutefois s'être considérablement étendue, touchant désormais « des dizaines de milliers de domaines et des millions de requêtes par jour », selon Cloudflare.

Les techniques sophistiquées de contournement révélées

L'enquête de Cloudflare a mis en lumière plusieurs techniques avancées utilisées par Perplexity pour éviter la détection :

  • Utilisation d'adresses IP non répertoriées dans la plage IP officielle de Perplexity
  • Rotation systématique de ces adresses IP pour éviter les blocages
  • Utilisation de différents numéros de systèmes autonomes (ASN) pour contourner les restrictions
  • Déguisement des agents utilisateurs (user agents) pour masquer leur véritable identité

Ces techniques sont particulièrement préoccupantes car elles permettent à Perplexity de contourner les protections techniques mises en place par les sites web qui souhaitent explicitement ne pas voir leur contenu utilisé par des assistants IA.

La défense de Perplexity : des agents utilisateurs légitimes ?

Face à ces accusations, Perplexity a vivement réagi dans un article de blog, qualifiant les allégations de Cloudflare d'erronées. La startup défend sa position avec des arguments techniques et conceptuels :

« Cette controverse révèle que les systèmes de Cloudflare sont fondamentalement inadaptés pour distinguer les assistants IA légitimes des menaces réelles. Si vous ne parvenez pas à distinguer un assistant numérique utile d'un scraper malveillant, vous ne devriez probablement pas prendre de décisions sur ce qui constitue un trafic web légitime. »

L'argument principal de Perplexity repose sur une distinction fondamentale : ce ne seraient pas des robots d'indexation qui accèdent aux sites, mais des « agents IA » agissant au nom d'utilisateurs humains. Selon cette logique, ces agents ne font que récupérer des informations sur l'open web pour répondre aux requêtes des utilisateurs, sans utiliser ces données pour entraîner leurs modèles de langage (LLM).

Cette défense soulève une question cruciale : un agent IA agissant pour le compte d'un utilisateur doit-il être considéré comme un utilisateur humain légitime ou comme un robot d'indexation soumis aux restrictions du fichier robots.txt ? Cette zone grise juridique et technique est au cœur du débat.

Comparaison des pratiques : OpenAI vs Perplexity

Critères OpenAI (ChatGPT) Perplexity
Respect du robots.txt Oui, respecte les directives Accusé de contournement
Identification des crawlers Transparente Masquage possible en tant que navigateur
Utilisation des données Entraînement des modèles et réponses Affirme utiliser uniquement pour les réponses
Accords avec les éditeurs Nombreux (ex: Washington Post) Quelques-uns (ex: Gannett Publishing)

Cloudflare souligne que d'autres entreprises d'IA, notamment OpenAI, respectent scrupuleusement les restrictions du fichier robots.txt. Cette différence d'approche est significative dans un secteur où l'accès aux données de qualité est crucial pour le développement des modèles d'intelligence artificielle.

Les enjeux éthiques et légaux du scraping pour l'IA

Cette controverse s'inscrit dans un débat plus large sur l'éthique et la légalité du web scraping à l'ère de l'IA générative. Plusieurs questions fondamentales se posent :

  1. Les sites web ont-ils le droit de refuser l'accès à leur contenu aux agents IA ?
  2. Quelle est la différence entre un utilisateur humain naviguant sur un site et un agent IA agissant pour son compte ?
  3. Comment équilibrer l'accès à l'information et le respect des droits des créateurs de contenu ?
  4. Les directives techniques comme robots.txt sont-elles suffisantes ou faut-il un cadre légal plus robuste ?

Ces questions ne sont pas seulement techniques mais touchent à des principes fondamentaux d'éthique numérique et de souveraineté des données.

La riposte de Cloudflare : nouveaux outils de protection

Face à ces pratiques, Cloudflare a développé plusieurs solutions pour aider ses clients à se protéger contre ce qu'il considère comme des accès non autorisés :

  • Système de gestion des robots : Capable de détecter et bloquer l'agent utilisateur masqué de Perplexity
  • Règles de contestation : Permettant de distinguer les utilisateurs humains des robots tout en maintenant l'accès pour les premiers
  • Règles managées : Bloquant spécifiquement l'activité d'exploration de l'IA, disponibles même pour les utilisateurs gratuits

En parallèle, Cloudflare a lancé son programme « Pay Per Crawl », qui propose une solution intermédiaire : permettre aux éditeurs de fixer des tarifs pour les entreprises d'IA souhaitant explorer leur contenu. Cette initiative s'inscrit dans une tendance plus large d'accords commerciaux entre médias et entreprises d'IA pour l'utilisation légale des contenus.

Illustration complémentaire sur Perplexity

Vers un nouveau modèle économique pour l'accès aux contenus

Cette controverse met en lumière l'émergence d'un nouveau modèle économique pour l'accès aux contenus en ligne. Plusieurs évolutions sont à noter :

Les accords entre médias et entreprises d'IA se multiplient

De nombreux accords ont été conclus récemment entre médias et entreprises d'IA :

  • New York Times avec Amazon
  • Washington Post avec OpenAI
  • Gannett Publishing avec Perplexity

Ces partenariats établissent un cadre légal pour l'utilisation des contenus et créent un précédent pour la monétisation de l'accès aux données. Ils représentent une alternative au scraping non autorisé et pourraient devenir la norme dans les années à venir.

Pour les sites qui souhaitent protéger leur contenu tout en monétisant l'accès, des solutions comme le « Pay Per Crawl » de Cloudflare offrent un compromis intéressant. Cette approche permet aux éditeurs de garder le contrôle sur leurs données tout en bénéficiant financièrement de leur utilisation par les IA.

L'impact sur l'écosystème de l'information en ligne

Cette évolution pourrait avoir des conséquences profondes sur l'écosystème de l'information en ligne :

  • Création d'un marché à deux vitesses entre sites accessibles et inaccessibles aux IA
  • Renforcement de la position des grands médias capables de négocier des accords
  • Questionnement sur l'accès à l'information et la diversité des sources pour les assistants IA
  • Émergence de nouveaux intermédiaires et services de gestion des droits numériques

Pour les utilisateurs finaux, ces évolutions pourraient se traduire par des assistants IA ayant accès à des sources d'information différentes selon les accords conclus, créant potentiellement des biais informationnels.

Conclusion : vers une régulation nécessaire du scraping IA

La controverse entre Cloudflare et Perplexity illustre parfaitement les tensions qui émergent à mesure que l'IA générative devient omniprésente. L'accès aux données de qualité est devenu un enjeu stratégique majeur pour les entreprises d'IA, tandis que les créateurs de contenu cherchent légitimement à protéger et valoriser leurs productions.

Au-delà des solutions techniques comme celles proposées par Cloudflare, cette situation appelle probablement à une régulation plus claire du scraping à l'ère de l'IA. Les règles actuelles, conçues pour un web pré-IA, montrent leurs limites face à des agents intelligents capables d'imiter le comportement humain.

En attendant un cadre réglementaire adapté, les accords commerciaux entre créateurs de contenu et entreprises d'IA semblent offrir la voie la plus prometteuse pour concilier innovation technologique et respect des droits de propriété intellectuelle.

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Cette guerre des crawlers ne fait probablement que commencer, et ses résultats façonneront l'avenir de l'accès à l'information dans un monde où la frontière entre humains et agents IA devient de plus en plus floue.