Midjourney poursuivi pour violation de droits d'auteur : Disney et NBC contre-attaquent
Jacky West / June 18, 2025

Midjourney poursuivi pour violation de droits d'auteur : Disney et NBC contre-attaquent
Deux géants du divertissement mondial, Disney et NBCUniversal, viennent de lancer une offensive judiciaire majeure contre Midjourney, l'un des outils de génération d'images par IA les plus populaires au monde. Dans une plainte déposée cette semaine, les deux conglomérats accusent la plateforme d'être un véritable « gouffre sans fond de plagiat » qui exploite illégalement leurs propriétés intellectuelles pour générer des millions d'images sans autorisation ni compensation.
Une bataille juridique aux enjeux considérables pour l'IA générative
Cette action en justice marque une nouvelle étape dans la confrontation entre les détenteurs de droits d'auteur et les développeurs d'intelligence artificielle générative. Disney, propriétaire de franchises emblématiques comme Star Wars, Marvel et Pixar, et NBCUniversal, qui possède notamment les licences Jurassic Park et Fast & Furious, affirment que Midjourney a délibérément entraîné ses algorithmes sur leurs œuvres protégées.
Selon les documents judiciaires consultés, les plaignants allèguent que « Midjourney a construit son modèle commercial en copiant et en exploitant sans autorisation des millions d'œuvres protégées par le droit d'auteur ». Les deux entreprises cherchent à obtenir des dommages et intérêts substantiels ainsi qu'une injonction pour faire cesser ces pratiques présumées illégales.
Comment fonctionne Midjourney et pourquoi est-il dans le viseur?
Midjourney, lancé en 2022, est rapidement devenu l'un des outils IA pour créer des images les plus prisés du marché. Son fonctionnement repose sur un modèle d'intelligence artificielle entraîné sur des milliards d'images issues d'internet, y compris des œuvres protégées par le droit d'auteur.
Les utilisateurs peuvent générer des images en saisissant simplement des descriptions textuelles (prompts). Par exemple, taper « style Disney, princesse dans un château » ou « personnage style Jurassic Park face à un dinosaure » produit des images qui, selon les plaignants, imitent clairement leurs styles visuels distinctifs et leurs propriétés intellectuelles.
Entreprise | Franchises concernées | Principales accusations |
---|---|---|
Disney | Star Wars, Marvel, Pixar, Disney Princesses | Copie de styles visuels distinctifs, reproduction non autorisée de personnages |
NBCUniversal | Jurassic Park, Fast & Furious, Minions | Imitation de scènes iconiques, génération de personnages protégés |
Un précédent juridique majeur pour l'industrie de l'IA
Cette affaire pourrait établir un précédent crucial dans le domaine encore flou de la génération de contenus par IA. Jusqu'à présent, les entreprises d'IA ont généralement défendu leurs pratiques en invoquant le concept d'« usage loyal » (fair use) et en argumentant que leurs modèles ne copient pas directement les œuvres mais apprennent des « styles » et des « concepts ».
« Cette affaire va bien au-delà de Midjourney », explique Maître Sylvain Berger, avocat spécialisé en droit du numérique. « Elle pourrait redéfinir les limites légales de l'entraînement des modèles d'IA et potentiellement imposer de nouvelles obligations aux développeurs concernant les données utilisées pour l'apprentissage. »
D'autres acteurs majeurs de l'intelligence artificielle comme OpenAI (DALL-E) et Stability AI (Stable Diffusion) font également face à des poursuites similaires de la part d'artistes et d'ayants droit, mais l'entrée en scène de géants comme Disney et NBCUniversal change considérablement l'ampleur de la bataille.
La défense de Midjourney face aux accusations
Dans un communiqué officiel, Midjourney a défendu sa position en affirmant que son service « transforme substantiellement les données d'entraînement » et que les images générées « sont des créations nouvelles et originales, et non des copies d'œuvres existantes ». L'entreprise a également souligné avoir mis en place des mesures pour bloquer certaines requêtes explicites visant à reproduire des personnages protégés.
Cependant, les plaignants affirment que ces mesures sont largement insuffisantes et facilement contournables. Ils citent des exemples où de simples variations dans les prompts permettent toujours de générer des images très proches des personnages protégés, comme des « souris anthropomorphiques avec des gants blancs » au lieu de Mickey Mouse.

- Blocage de certains termes spécifiques (« Mickey », « Darth Vader », etc.)
- Filtres de contenu pour éviter les reproductions directes
- Avertissements aux utilisateurs concernant les droits d'auteur
- Système de signalement pour les contenus problématiques
Ces mesures sont jugées « cosmétiques et inefficaces » par les plaignants, qui estiment qu'elles ne font que « masquer superficiellement le problème fondamental d'appropriation illicite ».
Quelles conséquences pour l'avenir de l'IA générative?
Cette bataille juridique pourrait avoir des répercussions majeures sur l'ensemble du secteur de l'intelligence artificielle. Si Disney et NBCUniversal l'emportent, les entreprises d'IA pourraient être contraintes de:
1. Obtenir des licences pour les œuvres utilisées dans l'entraînement de leurs modèles
2. Mettre en place des systèmes plus rigoureux de filtrage et de blocage
3. Partager leurs revenus avec les créateurs originaux
4. Limiter considérablement les capacités de leurs outils
« Nous assistons à un moment charnière pour l'industrie de l'IA générative », analyse Pierre Durand, expert en technologies émergentes. « Le modèle économique actuel, basé sur l'utilisation massive de contenus protégés sans compensation, est clairement remis en question. Les entreprises d'IA vont devoir trouver un nouvel équilibre entre innovation et respect des droits d'auteur. »
Cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large de régulation croissante de l'intelligence artificielle, avec l'entrée en vigueur de l'AI Act européen et diverses initiatives législatives aux États-Unis visant à encadrer ces technologies en rapide évolution.
Conclusion: vers un nouveau modèle pour l'IA créative?
L'issue de ce litige pourrait redessiner profondément le paysage de l'IA générative. Certains experts prédisent l'émergence de nouveaux modèles économiques, comme des partenariats officiels entre détenteurs de droits et plateformes d'IA, ou des systèmes de micropaiements automatisés pour chaque utilisation d'œuvres protégées.
D'autres craignent un ralentissement de l'innovation si les contraintes légales deviennent trop restrictives. Quoi qu'il en soit, cette confrontation entre géants du divertissement et pionniers de l'IA marque un tournant décisif dans la définition des règles qui gouverneront la création assistée par intelligence artificielle dans les années à venir.
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