Explosion des musiques générées par IA sur Deezer : 20 000 titres par jour en 2025

Le phénomène des musiques générées par intelligence artificielle prend une ampleur sans précédent sur les plateformes de streaming. Deezer, le service français de référence, fait face à une véritable déferlante avec 20 000 chansons créées par IA soumises quotidiennement en 2025. Cette situation soulève d'importantes questions sur l'avenir de l'industrie musicale, les droits d'auteur et la manière dont les plateformes gèrent ce nouveau type de contenu. Découvrons ensemble les enjeux de cette révolution musicale et les stratégies mises en place pour y faire face.

L'ampleur inquiétante du phénomène sur Deezer

Selon Alexis Lanternier, PDG de Deezer, les chiffres sont alarmants : « 18% des créations, soit plus de 20 000 chansons sur les quelque 150 000 qui sont versées chaque jour » sont générées par intelligence artificielle. La progression est fulgurante puisque ce chiffre a presque doublé en seulement deux mois, démontrant une croissance exponentielle qui ne montre aucun signe de ralentissement.

Cette augmentation drastique s'explique par la démocratisation d'outils d'IA comme MiniMax AI et d'autres générateurs de contenu qui permettent à n'importe qui de créer une chanson complète en quelques clics. Les utilisateurs n'ont qu'à saisir des paroles et l'IA se charge de composer la musique et de générer une voix synthétique pour l'interprétation.

La stratégie de filtrage mise en place par Deezer

Face à cette déferlante, Deezer a déployé en janvier 2025 « un outil avancé de détection musicale par IA ». La plateforme française a adopté une position claire concernant ces contenus :

• Signalement explicite des titres générés par IA avec la mention « IA Generated »
• Exclusion de ces morceaux des algorithmes de recommandation
• Conservation uniquement des titres viraux ayant rencontré un véritable succès

Cette approche contraste avec celle de Spotify, dont le coprésident Gustav Soderstrom considère l'IA comme un outil qui « amplifie la créativité » et « permet à de plus en plus de personnes d'être créatives » sans nécessiter de compétences techniques particulières. Le géant suédois semble ainsi plus tolérant envers ces contenus générés artificiellement.

Les enjeux économiques derrière cette vague de contenus IA

Au-delà des questions artistiques, ce phénomène cache des motivations financières importantes. Alexis Lanternier évoque la nécessité de « légiférer pour que les plateformes rémunèrent les artistes et pas ces bruits ». En effet, de nombreux fraudeurs utilisent ces technologies pour générer massivement des titres et accumuler des royalties.

Le système de rémunération des plateformes de streaming, basé sur le nombre d'écoutes, est particulièrement vulnérable à ce type de pratiques. Des « artistes » fictifs comme le groupe « Jet Fuel & Ginger Ales » mentionné dans l'article source peuvent ainsi générer des revenus substantiels sans véritable création artistique humaine.

Cette situation rappelle les défis auxquels font face l'impact environnemental de l'IA et ses conséquences sur différents secteurs créatifs, au-delà de la simple consommation de ressources.

La réaction des artistes face à l'appropriation de leurs œuvres

La communauté artistique se mobilise contre ce qu'elle considère comme un pillage de ses œuvres. En février 2025, plusieurs grands noms de la musique, dont Damon Albarn et Kate Bush, ont publié un album composé entièrement de silence pour protester contre l'utilisation non autorisée de leurs créations par les IA.

Cette action symbolique fait suite à une lettre ouverte signée par de nombreuses stars internationales comme Billie Eilish en 2024, dénonçant « l'utilisation prédatrice de leurs voix » par ces technologies. Le débat s'articule autour de questions fondamentales :

1. Le droit d'utiliser la voix d'un artiste sans son consentement
2. La propriété intellectuelle des œuvres utilisées pour entraîner les IA
3. La juste rémunération des créateurs humains

Si certains artistes comme Angèle ont pu s'amuser de reprises générées par IA de leurs chansons, la plupart considèrent cette pratique comme une menace pour leur métier et leur propriété intellectuelle.

Le phénomène des reprises transformées par IA : entre créativité et appropriation

Un sous-phénomène particulier a émergé récemment : la transformation de chansons rap en versions « franchouillardes » par intelligence artificielle. Ces créations, souvent virales sur les réseaux sociaux, posent la question des limites de la parodie et de la transformation d'œuvres existantes.

Ces reprises utilisent des techniques avancées pour humaniser les voix générées par IA, rendant parfois difficile la distinction entre une véritable interprétation humaine et une création artificielle. Cette confusion grandissante entre réel et artificiel constitue un défi majeur pour l'industrie musicale.

Vers une régulation nécessaire du secteur

Face à cette situation, Deezer appelle à une régulation plus stricte. La plateforme française souhaite que la législation évolue pour :

• Établir des règles claires sur l'utilisation des voix d'artistes
• Définir les droits d'auteur applicables aux créations IA
• Mettre en place des systèmes de rémunération équitables

Ces questions rejoignent les problématiques plus larges de la bataille juridique sur les contenus générés par IA qui touche également d'autres industries créatives comme le journalisme et l'édition.

Des initiatives comme la détection automatique des contenus IA et leur signalement explicite constituent une première étape, mais une harmonisation des pratiques entre les différentes plateformes semble nécessaire pour apporter une réponse cohérente à ce phénomène.

Quel avenir pour la musique à l'ère de l'IA générative ?

L'explosion des musiques générées par IA sur Deezer et les autres plateformes de streaming n'est que le début d'une transformation profonde de l'industrie musicale. Plusieurs scénarios se dessinent pour l'avenir :

1. Une séparation nette entre musiques humaines et IA, avec des écosystèmes distincts
2. Une hybridation où l'IA devient un outil au service des artistes humains
3. Une normalisation progressive des créations IA dans le paysage musical

La technologie continue d'évoluer rapidement, comme en témoignent les nombreux générateurs d'IA créative qui apparaissent régulièrement. Cette évolution constante rend difficile l'établissement de règles durables.

Conclusion : un équilibre à trouver entre innovation et protection

L'explosion des musiques générées par IA sur Deezer, avec 20 000 titres quotidiens, illustre parfaitement les défis que pose l'intelligence artificielle à l'industrie créative. Entre opportunités d'innovation et risques de dévalorisation du travail artistique, un équilibre délicat doit être trouvé.

Les plateformes comme Deezer ouvrent la voie avec des politiques de filtrage et de signalement, mais une approche plus globale impliquant législateurs, artistes et entreprises technologiques sera nécessaire pour construire un écosystème musical équitable à l'ère de l'IA.

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